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14 avril 2021 : De la pluie sur les glaces de l’Antarctique : premières estimations et projections

Étienne Vignon, Christophe Genthon, chercheurs, et Marie-Laure Roussel, doctorante, au Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD) à Paris. en collaboration avec Prof. Alexis Berne de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne et Dr Irina Gorodetskaya de l'Université d'Aveiro, ont publié un article paru dans Geophysical Research Letters de l'AGU.

De la pluie sur les glaces de l’Antarctique : premières estimations et projections

Connaître la quantité de précipitation qui tombe sur la calotte Antarctique est fondamental pour déterminer l’évolution de son bilan de masse et prévoir l’impact de la perte nette de glace sur la montée du niveau des mers.

La grande majorité des précipitations que reçoit la calotte Antarctique est de la neige. La pluie est beaucoup plus rare mais quand elle survient, elle peut avoir de lourdes conséquences climatiques et écologiques, en favorisant la fonte du manteau neigeux par exemple, ou encore en provoquant la mort des poussins manchots dont les plumes ne sont pas imperméables à l’eau liquide (figure).

Cette étude est la première à s’intéresser à la caractérisation des évènements de pluie en Antarctique. Pour ce faire, elle combine des rapports d’observation météorologique archivés à dix stations de recherche (jusqu’à 50 ans en arrière) et des produits de réanalyse météorologique. L’analyse des scénarios réalisés à partir de plusieurs modèles de climat permet en outre de prévoir l’évolution de la quantité et de l’intensité des pluies dans le futur sur l’inlandsis.

L’étude estime que la pluie tombe actuellement jusqu'à 4 jours par an en moyenne sur la majeure partie des côtes de l'Antarctique de l’est et plus de 50 jours par an sur le nord-ouest de la Péninsule antarctique. Sur les dernières décennies, aucune tendance marquées n'apparaît, excepté sur la Péninsule antarctique où les jours de pluie ont été de plus en plus fréquents jusqu'en 1998, puis leur nombre a significativement diminué jusqu’en 2015, en lien avec la variabilité naturelle du climat. Cependant, si les gaz à effet de serre continuent d'être libérés à un niveau élevé, les quantités de pluie augmenteront de 240 % en moyenne sur le continent d’ici à 2100. Les côtes et la Péninsule recevront des pluies plus fréquentes et plus intenses et les grandes plateformes glaciaires deviendront plus vulnérables à des évènements de fonte intenses amplifiés par la pluie.

Figure : Évènement de pluie intense à la station antarctique Dumont d'Urville, 1er janvier 2014. En partie en raison de cet évènement de pluie, la saison de reproduction de la colonie de manchots Adélie a connu un echec complet. Crédits: Bruno et Nicolas Jourdain, UGA/IPEV/CNRS

Brève sur le site du CNRS-Insu : https://www.insu.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/combien-pleut-il-et-pleuvra-t-il-sur-les-glaces-de-lantarctique

Référence :

Référence : Vignon, É., Roussel, M.‐L., Gorodetskaya, I. V., Genthon, C., & Berne, A. (2021). Present and future of rainfall in Antarctica. Geophysical Research Letters, 48, e2020GL092281. https://doi.org/10.1029/2020GL092281

Contact : Etienne Vignon : etienne.vignon@lmd.ipsl.fr